Pour arriver à Sapa, il a fallu passer par des
routes oh combien difficile. En effet une fois passée la frontière, cap sur Dien Bien Phu, haut lieu d'une déculottée française qui sonna le glas de l'aventure coloniale française en Indochine.
Je retiendrai juste ma chambre de princesse à l'hôtel,(pour 5€, mais oui!!) car pour le reste, c'est triste à mourir!!
Et alors que dire du trajet Dien Bien Phu / Sapa, c'est l'enfer, 200km de routes en travaux, on passe des trous, des torrents d'eau, de boue, enfin bref on a mis 10h!!
Heureusement avec Paolo, un bel italien et Laurent un français, nous avons souvent rigolé de la situation, il n'y avait rien d'autre à faire de toute façon.
En fin de compte, nous avons goûté au folklore local et ça nous donne de quoi raconter!
Ouf, on arrive enfin!!!
Charmante station climatique fondée par les
français en 1922, Sapa est la destination prisée du Nord Vietnam. Juchée à 1650m sur un versant escarpé, elle est entourée de hauts sommets dont le point culminant est le Fansipan (3143m), et
surplombe une vallée parsemée de rizières en terrasses. La ville compte 36200 habitants vivant essentiellement du tourisme. Partout, les restos, boutiques souvenirs, hôtels de plus en plus
hauts,... poussent comme des champignons.
Sapa est le point de départ idéal pour partir à la rencontre des ethnies montagnardes dans un environnement superbe qui permet de faire des belles ballades et de profiter au maximum de la beauté
environnante : traversée de villages , vallées sublimes au soleil couchant, passage des torrents sur des ponts d'un autre âge.
Dans le Nord, il y a les Hmong noirs, les Hmong fleurs, les Dzao rouges, les Nung, les Thay, les Xa Pho et les Thaï. Aux environs de Sapa, ce sont les Hmong noirs, les Dzao rouges et les Xa Pho
qu'on voit le plus. Chaque ethnie parle sa propre langue! Mais depuis peu, tous les enfants apprennent aussi le vietnamien à l'école.
Ces minorités sont pauvres et leurs revenus dépendent actuellement de plus en plus du tourisme. Les femmes viennent à Sapa dans les habits traditionnels pour vendre toute sorte de sacs, bijoux,
tissus faits maison. Certaines deviennent guides.
Elles apprennent l'anglais sur le tas en parlant avec les touristes et elle le parle parfois mieux que le vietnamien!
Les Hmong et les Dao Do n'ont pas abandonné leurs costumes traditionnels, qui sont aussi leurs fonds de commerce auprès des touristes ébahis devant de telles populations, mais pour ces femmes, la
vie des rues autour du marché de Sapa change très vite, des commerces tenus par des " Vietnamiens " se créent de jour en jour, la concurrence est rude, pimentée par des relations inter ethniques
très tendues.
Il pleut sur Sapa, les nuages cachent les belles rizières en terrasses qui s’offraient hier à la vue de ma chambre. La vallée est mouillée. Alors, je joue aux cartes avec un anglais, Ben, et deux
suédoises, Chrichtine et Ellen. A midi, on descend à Cat Cat, à travers de super chouettes paysages de rizières en terrasses. Village Hmong où jouent des mômes en habits bleu-marine traditionnels
de tous les jours, champs où travaillent les paysans, rencontre avec la petite bergère des cochons chinois et avec le chevrier peu après la cascade. Des Hmongs très gentils nous font goûter leurs
fruits, acides mais bons (genre pomme à cidre). Ils vivent dans les montagnes vertes et brumeuses, simplement, sans télé, ni mob. Et ils ont l’air heureux. Pourvu qu’ils restent encore longtemps
loin de notre fichue société de consommation . Bien sûr, ici le môme aide très tôt. Vers 7 ans, il trimballe les frères et sœurs sur le dos, ramène du bois ou du riz, c’est lourd.
Et ils ne vont pas trop à l’école, quand on demande à leurs parents pourquoi ils ne mettent pas leurs enfants à l’école, ils répondent que c’est pour les paresseux.
Cependant j'ai pu en rencontrer, à Sapa, était-ce une séance de sport ou autre dans la cour de récréation?....
En voici des ethnies en osmose avec leur environnement! L’eau des montagnes est utilisée partout. Les rizières bien sûr, avec l’irrigation ingénieuse qui fait circuler l’eau constamment. Mais
aussi l’électricité! Certains en produisent pour leur maison en utilisant la force hydraulique dans leur champ, très très simplement. Ou encore, pour creuser la montagne là où s’érigera une
maison, des ruisselets sont déviés afin de creuser eux-mêmes l’espace, aidés tout de même un peu par les bêches de l’homme! Et enfin, ce système extra qui fait couler de l’eau dans une vaste auge
creuse à l’extrémité d’un tronc couché à l’horizontal, lequel pivote sur un axe sous le poids de l’auge pleine qui se déverse alors d’un coup dans le ruisseau. Puis, vide et légère, elle se
redresse promptement. Ce faisant, elle permet à l’autre extrémité du tronc armé d’un pilon de s’abattre avec force sur un récipient rempli de riz brut. C’est ainsi qu’il est décortiqué. L’eau,
toujours l’eau pour aider et remplacer le travail de l’homme.
Mais qui donc est si fort? Les Black Hmongs bien sûr. Ethnie montagnarde fort sympathique qui peuple et exploite les montagnes, s’habille de bleu foncé et dont les femmes portent 3 ou 4 grands
anneaux d’argent aux oreilles et des guêtres aux jambes.
Mais aussi les Red Zao avec leurs jolies
étoffes rouges autour de la tête, dont les femmes s’épilent complètement le visage et le haut du front, sourcils compris.
Elles se marient entre 13 et 20 ans, sachant que les “vieilles” de 20 ans sont difficiles à marier. Et qu’une fille qui ne sait pas coudre est immariable!!! Quand elles sont en âge de se marier,
13 ans donc, les filles se font poser 2 couronnes en or sur les incisives extérieures du haut. Tout le monde vit dans la même maison (3 générations) et se lave dans la même eau, les plus âgés
ayant le privilège de l’eau propre. Mieux vaut ne pas être le quinzième! Hommes et femmes mangent sur des tables séparées, hautes pour les premiers, basses pour les secondes. Ils cultivent (riz,
maïs, indigo, etc) et élèvent buffles, canards, poules, cochons, chèvres.
L’indigo est une plante genre buisson, on le coupe et le met tremper dans de grandes barriques pendant plusieurs jours, ça colore l’eau en bleu... indigo! C’est de cette façon qu’ils teignent
leurs vêtements. Ca leur donne également les mains et avant-bras tout bleus à force de tremper dedans et de laver leurs vêtements... qui se décolorent!
Mais comment donc suis-je devenue si savante??? Hé bien en me fatiguant un peu. 16 kilomètres dans les montagnes à travers de magnifiques passages dans les rizières, dans les champs de maïs, sur
le bord des rizières, à travers les villages, accompagnés par le glouglou des nombreux ruisseaux. Bref, une journée nature culturelle avec Eléna l’Allemande, Chrichtine, Ellen et Ben les joueurs
de cartes et Mae la fille super sympa de l’hôtel qui nous a montré ces chemins perdus dans la vallée. Demain, courbatures... En attendant, on déguste une bonne bouteille de vin de Sapa (14
degrés) qui rappelle un peu le muscat de Rivesaltes!
Les Thays, sont des cultivateurs de riz en terrasses qui ont sculpté tout le paysage. Aujourd'hui ils vivent également de leur artisanat, notamment avec la confection de tissage et broderies. Les
changements opérés sont très rapides et apportent une société occidentale avec toute la culture allant avec. Les touristes sont néanmoins respectueux de ces peuples désignés par les vietnamiens
par le mot "Sauvages". Le tourisme favorise également l'artisanat traditionnel. Cependant, en parallèle les textiles chinois affluent dans cette ville grandissante.
L'ethnie des LOLOS se divise en 2 groupes : les Lolos Hua et les Lolos Den . J'ai rencontré les Lolos Den sur le marché de Bao Lac. Ils ont leurs origines dans les régions méridionales de la
Chine . Ils pratiquent le culte des ancêtres. L'esprit prédominant de la coutume du culte est "quand on boit de l'eau on pense à sa source". Les générations ultérieures sont reconnaissantes
envers les générations précédentes. Chaque ethnie, chaque localité à sa propre coutume du culte. Leurs villages regroupent entre 20 et 25 habitations, leurs maisons sont construites au sol ou sur
pilotis.
Les femmmes Lolos Den ont les lèvres rouges et les dents noires causées par la mastication de la noix de bétel ce qui est un signe de beauté traditionnel . Elles portent des pantalons
amples et une veste à col carré.
Cela m'avait déjà marqué depuis mon arrivée en Asie mais c'est encore plus vrai ici : les femmes gèrent le ménage,les cultures, les animaux, la fabrication artisanale et la vente, etc. Elles font
tout pendant que les hommes passent leur journée à boire!
Pour continuer dans la couleur, je me joins à un groupe pour aller en minibus passer la journée à Bac Ha.
C'est une petite ville de montagne très calme qui s'anime essentiellement le dimanche. C'est sans doute l'un des plus beau marché de tout le pays.
Les montagnards descendent spécialement pour l'occasion. C'est alors une profusion de couleurs qui arrivent avec les Hmongs fleur. Les femmes de cette minorité portent de longues jupes plissées
confectionnées avec des centaines de gallons colorés. C'est un peu la course aux couleurs avec des couleurs très vives voir même fluorescentes !
Elles arborent également des fichus bleus turquoises, verts fluo ou encore rouges vif. Le marché est organisé en plusieurs secteurs.
Le marché aux bestiaux où l'on peut acheter son buffle pour labourer, des chevaux, des chiens ou encore des volatiles en tout genre. Plus loin, on entre dans le quartier des bouchers où les paris
vont bon train. C'est à celui qui arrivera à couper un quartier de viande en un seul coup de couteau ! Puis les stands de textiles étalent leurs jupes colorées où s'alignent de nombreuses femmes.
Les fruits, légumes et épices sembleraient presque banals dans
cette agitation. Au centre du marché se concentrent des dizaines de petits restaurants abrités sous leurs bâches bleues.
C'est ici que l'on vient manger la Phô ( soupe de nouilles de riz cuites dans un bouillon de bœuf pendant des jours si possible) à des prix défiant toute concurrence.
L'après midi, partant avec un couple de français et d'anglais, sur les chemins de montagne en direction du petit village de Coclé, on pénètre dans un paysage de rizières en terrasses et reliefs
volcaniques. Sur les petits chemins non carrossables, les rencontres sont nombreuses car tout est transporté à dos d'hommes ou de chevaux. Les vallées sont habitées par les Hmongs fleurs et les
Tays qui cultivent et étendent leurs rizières sans relâche. Les sommets des petits monticules volcaniques abritent encore un peu de forêt tropicale d'altitude. En arrivant au marché de Coclé, un
monumental barrage en construction nous accueille . Le changement est proche et des centaines d'hectares de rizières vont disparaitre sous l'eau. Sur le marché, qui est accessible par pirogue,
les jeunes filles se refont une beauté car c'est l'occasion de trouver un mari à ce "marché de l'amour".
Le long de la route, les femmes et les hommes qui ne sont pas partis se préparent. On a mis le petit en bandoulière ou on l'a confié à l'ainée. Seul un épi de cheveux bruns émerge du sac a dos
traditionnel, renforcé d'une ceinture de sécurité tout autant artisanale. Des convois de femmes piaillant et riant à notre vue fondent sur nous. Passant à notre niveau, la procession devient
muette avant de reprendre les caquetages quelques mètres plus bas.
Tout le monde se connait, parle avec tout le monde dans cette langue proche du Chinois.
Comme on est en famille, on s'apostrophe, on boit un pot, on s'assoit pour allaiter le bébé. Les hommes boivent et fument tandis que quelques épouses s'inquiètent déjà de l'état de leur conjoint.
Les maisons les plus anciennes sont en torchis, les plus récentes, en bois. Elle mesurent de 13 a 14 m de long et de 4 a 6 metres de large. Les murs en torchis font 50 cm d'épaisseur.
Leur principale ressource, sinon la seule, c'est le mais. Chaque famille en garde 2 tonnes chaque année pour ses besoins personnels, le reste est vendu.
Le marché est à leurs couleurs, les jupes et tuniques rouge, orange, parme avec de filets de vert et bleu virevoltent sur un fond de tissus aux mêmes couleurs suspendus aux étals.
Les jeunes filles, ici, achètent beaucoup des tissus synthétiques très brillants pour confectionner leurs nouvelles tenues ethniques. Elles continuent à porter autour de la taille le chanvre
auparavant assoupli au pilon, dont elles tirent les fils qu'elles utiliseront ensuite pour leurs habits quotidiens
Je sens que ca va tousser dans les chaumières, mais c'est une réalité ici, on mange de la viande de chien. !!!! Rassurez vous je n'y ai pas goûté!!! Dans le moindre village Vietnamien, il y a au
moins un boui-boui qui affiche thit cho ou thit cay . Il paraît que ce n'est, en fait pas très bon, très tendineux et fadasse. Cette viande pour certains porte bonheur la dernière semaine du mois
lunaire.
Ce séjour à Sapa, bien que fait sous la grisaille, (ce qui me change des températures précédentes), restera très coloré dans mes souvenirs..!!