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J’ai retrouvé mon équipière à Bangkok et par un sleeping bus VIP (le top du confort), nous avons rejoint Chang Rai où nous avons passé une nuit, charmante petite guest house qui a accepté de nous garder nos gros sacs le temps de notre escapade du coté de Mae Salong. Voyager léger, c’est pas mal !!!
Mae Salong est un petit village de montagne très sympa.
Ici on se croirait en Chine, petits lampions rouges, écritures en chinois. Le dialecte chinois du Yunan demeure la langue principale, les habitants regardent la télé chinoise et la cuisine est le plus souvent Chinoise que thailandaise. Le village est entouré de plantations de thé. Nous dormons dans Bungalow, super pour 6€ la nuit. Little Home, à recommander, tant l’accueil est sympathique.
Sous les conseils du maître de maison, nous nous réveillons très tôt le lendemain pour profiter du marché local (entre 6h et 7h). Ce fût en effet un moment magique: la brume et la fraîcheur matinale, des villageois qui sont venus des coins reculés du canton pour vendre leur délicieux légumes, fruits, œufs, viandes ... Les prix sont très bas. Les odeurs sont magiques. Nous sommes vraiment dans un autre monde...
Puis renonçant aux treks pour tourisme de masse, nous optons pour la formule liberté et autonomie en louant un scooter pour partir à la découverte des villages des ethnies montagnardes.
Le maitre de maison nous donne une carte des environs sur laquelle tout est annoté, et nous partons à l’aventure. Je retrouve mes bonnes vieilles habitudes de baroudeuse sur mon scoot : ici pas de casque, cheveux au vent, en avant toute. Danielle me fait confiance et vroum, vroum, j’arpente les petites, routes, les pistes, les chemins, la route grimpe très fort parfois je me demande même si on ne va pas reculer…, mais non pas de soucis.
La campagne, la montagne sont finalement assez facilement accessible en scooter en empruntant des pistes traversant champs et rizières. Il est alors agréable de se retrouver seule au monde, à la recherche des fameux villages de montagnes.
Au cours de notre journée nous traversons différents villages d' ethnies isolées qui se sont réfugiées en Thaïlande.
Les minorités ethniques des montagnes du Nord sont appelées « ethnies montagnardes ». Chaque ethnie possède sa langue, ses coutumes, son style vestimentaire et ses croyances.
Ce sont en majorité des peuples d’origine semi-nomade venus du Tibet, de Birmanie, de Chine ou du Laos. Populations du quart monde, elles n’appartiennent ni aux puissances alignées, ni aux pays en voie de développement, mais continuent de traverser les frontières, fuyant souvent l’oppression des autres cultures sans égard pour la notion de nation. La langue et la culture constituent les frontières de leur monde. Beaucoup d’ethnies se réfugient dans les plaines, les terres des montagnes étant de plus en plus déboisées.
Les ethnies montagnardes ont le niveau de vie le plus bas de Thaïlande. Elles n’ont pas, pour beaucoup de nationalité. Elles n’ont pas le droit de posséder la terre, d’envoyer leurs enfants à l’école, d’accéder au salaire minimal, ni aux soins de santé.
En tous cas c'est vraiment un truc à faire car nous avons vu des minorités locales qui vivent dans des villages très isolés. Leurs maisons en bambou sont parfois très rustres. On croise des enfants qui chassent à la fronde qui jouent avec un bout de bois….. qui nous font des grands signes.
Les karen (kariang en thaï) sont les plus anciens émigrés à s'être installés en Thaïlande. Ils sont arrivés voilà 300 ans des hautes terres de Birmanie où le plus gros de la population réside encore actuellement. C'est pourquoi l'on rencontre le plus grand nombre de villages karen le long de la frontière. Dans ces villages, quelques habitants désirent créer un état karen et militent dans ce sens.
Cet état serait en partie en Thaïlande et en plus grosse partie sur le Myanmar. Mais du côté Myanmar la répression est impartiale et les conditions de vie de ces gens indépendantistes étaient terribles. Réfugiés politiques en Thaïlande, les karen ont été "parqués" dans des villages étroitement surveillés par les militaires. Leur vie est un peu meilleure mais elle n'est pas très enviable malgré tout .! Les karen arrivés les premiers en Thaïlande ont occupé les terres à 500 mètres d'altitude, à côté des villages thaïs. C'est ainsi que l'influence culturelle thaïe les a profondément marqués.
Ils pratiquent une agriculture sédentarisée et centrée particulièrement sur la riziculture inondée. Ce sont aussi d'excellents éleveurs et dresseurs d'animaux domestiques ; poulets, porcs, buffles et éléphants. Rituellement, lors des cérémonies, des poulets sont sacrifiés. Les karen sont en général animistes. L'adultère et le divorce sont rares chez eux, mais si cela arrive, ils doivent faire un sacrifice pour apaiser les esprits. Il y a aussi pas mal de chrétiens et de nombreux bouddhistes. Des pasteurs américains sont venus au xix ème siècle pour les évangéliser. C'est dans cette tribu des karen que l'on rencontre les femmes-girafes (padong ou en thaï : kayan).
Les akha (ikwa en thaï) ; arrivés au XIX ème siècle, les akha ont quitté la Birmanie où ils résidaient pour venir s'installer en Thaïlande. D'origine tibéto-birmane, les akha ont émigré du Laos et du sud de la Chine (province du Yunnan). Au siècle dernier, les akha se dirigèrent vers les régions de Chiang Rai et de Chiang Mai. Ils sont 33 000 habitants vivant sur les montagnes ou à flanc de colline. Leurs villages sont difficiles à atteindre. Les akha cultivent l'opium, le riz, le maïs, le millet et divers légumes. Ils élèvent des volailles, des porcs et des buffles qui leur servent également de sacrifices. Leur plat préféré et qui crée même souvent un évènement est la soupe de chien.
Ils aiment chanter et faire la fête, d'ailleurs leurs costumes sont étonnants et sont de loin parmi les plus esthétiques. Leurs tenues vestimentaires sont basées sur le rouge et le noir. Les femmes portent une jupe et des jambières très décorées. Sur la tête, une haute coiffe est ornée de dizaines de pièces d'argent.
Par contre leur habitat reste d'une simplicité monacale qui contraste avec leur mode de vie festif et leurs costumes somptueux.
Les akha sont panthéistes c'est-à-dire qu'ils pratiquent le culte des ancêtres, en ce sens, les offrandes constituent un évènement important. On peut voir à chaque entrée et chaque sortie des villages, des "portes pour les esprits". Ces portes sont dressées pour bien délimiter le monde des hommes et celui des esprits. Lorsque les akha franchissent ces portes, ils se purifient des mauvais esprits de la jungle.
Les lahu (musoe en thaI), d'origine sino-tibétaine, sont environ 61 000 habitants en Thaïlande, installés le long de la frontière birmane, au nord de Chiang Mai et de Chiang Rai. Ils y a de nombreux sous-groupes comme les lahu Nyi (lahu rouges) et les lahu Na (lahu noirs). Leurs petits villages situés à 1000 mètres d'altitude sont dispersés et à l'écart des villages thaïs. Malgré leur isolement les lahu ont le sens de la fête . Ils cultivent l'opium, le riz, le maïs et en tirent une bonne source de revenus.
Les lahu sont éleveurs et surtout chasseurs. Ils ont toujours l'arbalète prête à servir .
Ils sont animistes, ils croient aux esprits, ils ont des sorciers et ils vénèrent leurs ancêtres.
Les Hmongs : C’est le groupe tribal le plus important après les Karen, avec un peu plus de 150.000 personnes. Les Hmongs vivent dans les montagnes du Nord. Ce sont d’habiles orfèvres, ils vendent leurs bijoux faits-main sur les marchés et les bazars de nuit. Les premiers Hmongs sont arrivés au Siam vers 1880 chassés du Yunan par les Chinois.
Plus récemment, Les Hmongs de Thaïlande sont des réfugiés originaires du Laos qui, dans les années 70, ont fui le régime communiste laotien (Pathet Lao) alors soutenu par le Nord-Vietnam, qui était en guerre contre le Sud-Vietnam et les USA. Les Hmongs étaient les alliés des Américains durant la guerre du Vietnam donc les ennemis des communistes. Harcelés par les communistes laotiens et vietnamiens, plus de 75000 Hmongs s’enfuirent en Thaïlande entre 1975 et 1980. Regroupés dans 5 camps thaïlandais, beaucoup décidèrent de s’expatrier dans différents pays dont les Etats-Unis, pour la plupart, mais aussi la France qui décida d’en fixer un certain nombre en Guyane avec l’intention d’y développer la culture du riz.
Ils représentent 20% de la population totale de la montagne en Thaïlande. Il y a environ 5 millions de hmong dans le sud de la Chine. Ils pratiquent le chamanisme à l'instar des Chinois. Les hmong ont émigré tardivement en Thaïlande, il y une centaine, d'années à peu près.
Leur immigration tardive explique peut-être pourquoi ils se sont installés sur la cime des montagnes... car la place était prise ailleurs ! Du fait de la haute altitude 1000 mètres, où ils habitent, ils construisent des maisons sur la terre battue.
Elles sont ainsi plus chaudes (le climat étant plus froid dans ces hautes régions) que les maisons sur pilotis que bâtissent presque tous les autres. Cela leur donne le privilège de cultiver le pavot car les crêtes montagneuses sont plus ensoleillées. Les hmong sont d'ailleurs les experts de la culture du pavot.
Les Lisus ne représentent qu’environ 5% de la population totale des tribus et sont établis dans les zones de très haute altitude. Ils sont très présents, lors de fêtes notamment à cause de leurs vêtements aux couleurs vives.
Les Lisus entrent au Siam à la fin du 18e siècle, quelques familles vivent dans la région du Doi Chang en 1920. La plus
grosse migration se fait après 1949 avec les débuts des problèmes en Birmanie. On les trouve entre autre dans la région de Mae Hong Son. Les femmes Lisu sont réputées pour être très jolies,
réputation que je confirme.
Les lisu cultivent le riz des montagnes, le maïs, des légumes et l'opium.Leurs villages situés à 1000 mètres d'altitude, en haut des crêtes montagneuses, leur donnent un certain privilège quand vient la saison de la culture du pavot. Les lisu, très influencés par la culture chinoise, célèbrent le même Nouvel An qu'en Chine. Les femmes portent une coiffe particulièrement colorée lors de cette fête.
Cette journée restera très riche en rencontres dans ces villages, nous sommes la plupart du temps bien accueilli, car seules avec notre scooter et de ce fait il nous est très facile d’aborder les villageois qui ne sont pas du tout effrayés , même plutôt surpris et étonné de voir 2 nanas leur rendre visite de la sorte.
Après cette 1ère chevauchée dans les montagnes assez proches de Mae Salong, le lendemain nous rééditons l’expérience avec le même type de transport. Mais cette fois, nous partons à 30km pour nous rendre dans un village des femmes girafes , les Long Neck. Nous allons à Ban Yappa, car désireuses tout de même de voir cette tribu très caractéristique, nous voulons éviter Nan Soi, ( sur les conseils de notre hôte de la guest house), près de Chang Mai, véritable zoo où de nombreux cars semblent-ils défilent tous les jours, déchargeant nombre de touristes. Et nous avons eu raison, car en arrivant dans ce village, pas de bus, pas d’autres touristes, nous étions seules. Nous avons eu tout loisir de rencontrer ces femmes qui m’ont montré leurs blessures sous leurs colliers.
Le village de BAN YAPA abrite des réfugiés de Birmanie bien connus: Les "Long Necks", autrement dit, "Padongs" ou femmes girafes. Et oui, c'est extraordinaire. Nous ne croyons le voir que dans des livres ou documentaires mais nous y sommes et c'est impressionnant.
Ce petit village abrite aussi des Lahus, ( les femmes aux longues oreilles percées) et des Akhas. Les femmes girafes
gagnent leur vie ici grâce aux quelques touristes qui viennent visiter leur village. Elles filent, tissent des foulards et vendent quelques bijoux.
Les hommes eux, font autre chose, ils sculptent des statues en bois, j’en rencontre même un qui fait des guitares. Il me gratifiera d’un petit air. Génial. J’en rencontre un autre qui me fait visiter leur hutte (parce que je lui ai demandé). C'est super. On se croirait dans un reportage de France 5 !
Elles se laissent facilement prendre en photos, je peux même prendre les enfants dans les bras ou sur les genoux.
Ban Yappa n’est pas un zoo humain, ou tout du moins, cela dépend de l’attitude de ses visiteurs. Organisé par les Kayans eux-mêmes, c’est une activité dont ils ne sont pas dupes et dont ils ont impérativement besoin, Arrêtons de traiter ces êtres humains, aux coutumes ancestrales spectaculaires certes, ….de sauvages ! C’est oublier un peu vite que c’est là leur seul point de contact avec l’extérieur, d’une part, et d’autre part, une source de revenus, mais la seule activité que les Thaïlandais leur autorise.
Ces femmes portent une série d’anneaux autour du cou. Leur cou se briserait si elles les enlevaient. Elles ne peuvent retirer que la partie basse de ce collier de métal avant d’aller se coucher. C’est à douze ans, en fonction de leur date de naissance, que les filles sont affublées de cet ornement si fascinant.
Ce n’est évidemment pas gratuit, mais tient à la mystique des Kayan Lahwis. L’origine de cette tribu ancrée depuis plus de mille ans sur le territoire birman remonte aux premiers Mongols établis le long de la rivière Karen... en Mésopotamie, pas la porte d’à côté donc. Elle n’a pas été évangélisée comme le reste de l’ethnie Karen par les Anglais lorsqu’ils ont colonisé le pays. Et ceci s’explique par la même raison que la présence des étranges anneaux. Ces derniers repoussent le mauvais œil, mais pas seulement : les hommes des autres tribus également..
Peut-être que les nombreux anneaux entourant leur cou avaient aussi pour but de les protéger des attaques des tigres, ou bien alors est-ce un privilège pour les femmes nées à la pleine lune ; d'autres disent encore que ces anneaux concentrent l'esprit de la tribu. Les anneaux sont tellement lourds que les muscles de leurs épaules sont complètement abîmés.
Voir ces femmes souffrir ainsi, fait froid dans le dos.
Après ces moments forts en émotion et ces échanges émouvants, il faut songer à repartir pour regagner notre home en faisant à nouveau d'autres rencontres qui nous ramènent à la réalité quotidienne des thais.
et terminons aujourd'hui avec ce qui nous ravive les papilles.....!!!!! Un peu de douceur...!!!!
