Le grand jour est arrivé, à 8h le taxi vient nous chercher à l'hotel et nous faisons connaissance avec notre guide, Bisnuhe, à qui nous confions notre sac à dos, qu'il nous portera pendant tout le trek. Nous on se contentera du petit sac personnel. 1h15 de voiture pour Naya Pull, départ de notre trek.
Passage obligé pour les demarches administratives, car on ne s'embarque pas comme ça dans le massif, c'est très réglementé.
Il fait un temps magnifique, début de l'ascension sur un chemin caillouteux, puis il nous faut passer sur un pont metallique pour franchir un torrent , j'avance et oh la, la, j'entends un cri et en me retournant je m'aperçois que Michèle ne suit pas. Elle a le vertige et reste bloquée là quelques minutes, incapable d'avancer. Les autres trekkeurs reste bloqué derrière elle, puis un couple de jeunes français lui dit de s'accrocher à eux sans regarder et la voilà enfin. Première frayeur...!!!!
Remise de ces émotions nous continuons à progresser, nous traversons un premier village , les népalais nous saluent, namaste...., welcome...., puis nous rattaquons la montée
Nous progressons lentement, il va falloir que Bisnuhe se fasse à notre allure..... Nous progressons dans un superbe environnement, croisons d'autres trekkeurs, certains comme nous, montent, d'autres redescendent...
Et ces hommes, les porteurs, inoui, les charges qu'ils transportent. Nous à vide on est déjà crevés et eux ils avancent sans broncher
La journée s'achève avec l'arrivée au refuge pour la 1ère nuit à Tikkedunga. Qu'il fait bon s'arrêter enfin. Une bonne douche bien méritée, un peu de repos, un repas pour récupérer un peu d'énergie et une bonne nuit pour récupérer.
Bisnuhe est charmant, aux petits soins de ces dames, tout ce qu'il nous fallait.
2ème jour : Tikkedhunga - Gorepani, la grosse journée
Au programme 3000 marches pour atteindre Ulleri halte pour le lunch
Il s'agit d'une montée abrupte dans la montagne, des marches de grosses pièrres d'une hauteur très irrégulière et souvent très élevée.
La pente est très raide, pas un instant de plat que des pierres à escalader et en plus bien que partie à 7h du matin, il fait hyper chaud déjà..
Je monte en silence, gardant toute mon énergie pour l'effort.
Michèle par contre, rale, à chaque nouveau virage elle est désespérée de constater que ça continue à monter et multiplie les gestes de désespoir. Aie, aie, aie. Putain ça grimpe encore.....
Oui 3000 marches comme ça, on se fait doubler par des jeunes, nous on s'en fout , notre objectif, c'est doucement, mais surement, mais que c'est dur.
Les mules aussi gravissent la montagne .
Moi pour me motiver, je me donne un challenge, j'en grimpe 20 sans broncher et je reprends mon souffle et ainsi de suite....
Mais on les a monté !!!! après 4h d'ascension on arrive à Ulleri,lieu du lunch, oui , je vous dis pas , les cuisses de béton qu'on va avoir, pour l'instant elles sont surtout douloureuses....
La pause du repas est trop courte, il faut repartir, aie, aie, dure, dure la reprise les muscles ont refroidi et le repas pèse sur l'estomac, j'aurai préféré une sieste à l'ombre, mais bon, il parauit que c'est pas possible. Alors en route, nous repartons, grimpons, soufflons.....
Oh là, j'ai la tête qui tourne, je ne suis pas très bien et hop, le repas de ce midi est renvoyé. Fin de journée difficile, je n'ai plus beaucoup d'énergie, j'ai des nausées, mais il faut continuer, la brume monte et le ciel s'assombrit.
A bout de forces, je titube par moments, après 8h d'ascension, nous arrivons enfin à Gorépani, point le plus haut de notre parcours.
Oui on l'a fait, on a souffert, mais on y est, satisfaction.
Nous sommes fières, on en a bavé, mais on a su trouver les ressources, se battre, puiser au plus profond de nous.
On arrive au refuge sous la pluie qui commence à tomber. Hélas on ne voit pas trop les sommets, Demain sera peut-etre meilleur. Les sommets sont dans les nuages.
Nous prenons possession pour notre plus grand plaisir de notre chambre, cassées de partout mais heureuses d'y être..
Nous sommes à peine arrivées que des pluies diluviennes s'abattent sur la montagne. Des rafales de vent nous donnent l'impression que le refuge va s'envoler. Tous les trekkeurs, les guides présents au refuge sont surpris par cette tempête qui s'bat sur nous.
Toute la nuit la tempête a continué et au matin, c'est toujours pareil.
Pour moi la nuit a été très longue, car ce vent été effrayant et en plus à nouveau j'ai rendu tout mon repas. Fatiguée, l'estomac vide, en manque d'énergie, je suis mal en point.
Vue les conditions météos, il est impossible de continuer notre trek, ça m'arrange bien, je vais pouvoir récupérer; Il ne fait pas chaud, tout le mode se retrouve autour du gros poêle au centre de la salle de restaurant du refuge. Tara, la patronne m'a donné quelques potions qui me remettent sur pied et comme tout le monde ici présent, on attend que ça passe.
Une journée à papoter, à échanger avec des allemands, des espagnols, des chinois.... On joue aux cartes, on boit du thé avec du rhum, on fait passer le temps comme on peut.
On apprend par les népalais qui peuvent téléphoner que ces conditions météos sont sur l'ensemble du golfe du bengale et qu'il y a même eu un tsunami en Inde et que des trekkeurs ont trouvé la mort sur un sommet voisin.... Dur....!!! Ici tout le monde est resté prudemment au refuge .
Lever de soleil, et c'est le départ; Car dès 4H30 du matin il faut démarrer avant l'aube pour admirer 1,5 km plus loin et 500 marches de plus à Poon Hill, les sommets enneigés de l'Anapurna sud( 7273m) et du Machupare ( 6997m)
Mais il faut se lever pour voir ça...!!!!, ça se mérite quand tu es bien au chaud sous la couette..!!!
Après cet intermède crée par les conditions atmosphériques, il nous faut poursuivre notre route. On entame la descente et déjà Mimi est à la peine. Notre guide Bisnuhe, toujours très calme et attentionné prend soin de nous.
Elle râle , mais c'est pour se motiver dit-elle. je peux vous dire qu'avec tout ce qu'elle rouspete elle engrange une sacrée motivation.
Allez Mimi , motivée, motivée.....!!!
Moi j'avance devant, rien n'est facile pour autant, mais j'intériorise, je souffre en silence au contraire de Mimi qui elle a besoin d'extérioriser. Je règle ma cadence, et progresse doucement, mais surement. Régulièrement je m'arrête pour attendre Michèle sur qui veille Bisnuhe.
On croise des enfants qui vont à l'école.....
Là c'est une descente difficile qui nous attend, en effet après les pluies diluviennes il nous faut rejoindre Tadapani; nous sommes devant dans un magnifique amphithéatre de roche, de neige et de glace, d'une envergure stupéfiante.
Avec prudence, nous attaquons la descente , munis de nos batons pour éviter de glisser. Je suis hyper concentrée.
On croise des porteurs qui eux montent, on se gare pour leur laisser la place, car eux ils bossent. A chaque fois je suis étonnée de voir ce qu'il transporte !!!
Et ça remonte, cette fois nous arrivons à un autre point le plus élevé d'où le panorama est magnifique. On papote, on boit un coca, on prend des photos et rapidement la brume nous envahit.
Nous traversons des sous bois magnifiques, mais oh combien glissants. Batons bien plantés, attention renforcée sur les endroits où je mets les pieds, nous progressons dans cette partie très glissante. Nous traversons des petits villages ou chacun expose quelques gadgets à vendre aux touristes de passage.
Après les sous bois, une nouvelle grimpette, on ne compte plus les marches.... et toujours un oeil au détour d'un virage sur nos sommets.
Les sous bois et les anes qui portent leur fardeau
J'avance au milieu de cette forêt magnifique, le bruit des cascades m'enchante, le chant des oiseaux me fait oublier les douleurs, comme c'est paisible, j'ai l'impression d'être seule au monde. Mais non, Michèle arrive et rouspète..... Petite pause et l'on repart.
Michèle est tombée ce qui ralentit un peu plus sa progression, elle a peur et peine vraiment. Mais elle continue à râler, donc elle est toujours motivée, quoique elle enverrait bien tout ballader, mais elle s'accroche.
Moi je ne pipe pas, mais ce n'est pas facile pour autant.
On traverse des torrents et toujours ces foutues pierres à descendre.
Michèle a de plus en plus de mal, car on ne voit pas la fin de cette descente en escaliers.
On continue à alterner descentes d'escaliers et descentes de torrents, les pierres sont instables.
Puis c'est la fin de ce tronson, petite pause sous la cascade, là Mimi retrouve un peu le sourire, mais très vite elle va le perdre.
On croise un vieil homme qui plie sous le poids de son fardeau
On surplombe la vallée où il nous faut descendre. Michèle est terrorisée par le vide.
Mes cuisses, mes mollets sont durs, ça tire j'ai l'impression d'avoir des jambes de bois ....
Et ça continue, on monte, on descend, je suis plutôt contente, j'encaisse bien les changements de pente, mais je reste très attentive où je pose mes pieds et reste très concentrée.
Enfin après 8h de marche, plutot de descente et de montée de marches nous arrivons rompues à Tadopani.
Pause bien méritée. Diner vers 19H et ensuite on ne va certes pas danser la gigue ou autre, mais plutôt faire les pieds au mur pour soulager nos vieilles gambettes qui en voient de toutes les couleurs...
Encore une fois, la dernière on souhaite voir le lever du soleil sur ces cimes....
Après une bonne nuit de sommeil, nous quittons Tadopani à 7h30 pour la dernière étape.
Le sol est sec, mais de toute façon nous sommes sorties des forets, pour descendre à flanc de montagne, vers la vallée. Nous savons que l'étape sera dure, car très escarpée, abrupte et en plein soleil. Michèle va se faire de belles frayeurs encore aujourdh'ui.
Je ne sens plus le bout de mes pieds, les accoups à chaque descente de marches sont de plus en plus difficiles à supporter. je serre les dents, car de toute façon il faut arriver au bout. Je m'accroche, je me motive, mais je continue toujours avec beaucoup de prudence.
Même les plus jeunes trekkeurs finissent ces descentes difficilement, je ne suis pas la seule à souffrir.
Encore quelqu'aperçu de nos cimes.
On a bien mérité une pause boisson et une pause photo..... et avec le sourire, pourtant le corps n'a pas envie de sourire, croyez moi....
Nous marchons depuis 5 h , nous arrivons enfin à Gandruk, lieu de notre lunch. Une petite heure de répis et hop, on continue il nous reste encore 3H difficile nous informe Bischnuhe.
Sur notre chemin, nous croisons le quotidien des villageois.
Arrivée à une petite cascade, je pose mon sac pour me rafraichir. Je pose mon pied sur une pierre pas trop stable et glissante et hop me voilà dans le torrent . Cette fois je suis rafraichie. Bisnuhe, toujours attentif à ses petites dames, dévalent la pente pour venir à mon secours.
Rien de grave, juste un bon bain, et comme le soleil tape fort, c'est une aubaine.
Je ne sens plus le bout de mes pieds, comme ankylosé. Michèle rale, car elle ne voit que des escaliers à chaque virage, elle pleure, elle rale, c'est difficile, mais elle sait qu'elle ne peut pas rester là, donc il faut continuer.
Enfin c'est fini, le taxi nous attend à Naya Pull pour rejoindre Pokhara où nous allons retrouver un peu de confort et surtout prendre du repos.
Michèle retrouve le sourire enfin.
A peine arrivée à la guest house, je quitte mes chaussures car je ne sens plus mes pieds, et il faut dire que le tableau n'est pas très beau.
Ce trek j'en avais envie, je ne savais pas si j'en serai capable. Mais tout en restant très prudente avec mes capacités physiques, notamment mes genoux, j'ai puisé au plus profond de moi des ressources pour y parvenir. J'ai éprouvé de grandes sensations à la vue de ces montagnes, à la découverte de ces villageois, de ces paysages.
Oui ce fut dur, mais pas impossible.
Yes I Want
Yes I Can
Yes I do it ........ et oui parce qu'en plus on a parlé anglais (notre anglais..mais ça a suffit pour communiquer..) pendant ces 5 jours tout au long du trek.
Magnifique aventure qui restera gravée en mon coeur. Une nouvelle page à ranger au rayon des beaux souvenirs.